top of page
  • Alexia Thibaud BilloteauDuclos

L'Amazonie

La remontée de l'Amazone


Ce fleuve est une ville.

Semblable aux petits villages canadiens ou mexicains, composés d'une seule route, souvent nationale. Ici, les maisons bordent cet axe principal sur des centaines de kilomètres. Nous sommes entre la baie de Guajàra et l'Amazone, et tous les deux cents mètres, une habitation sur pilotis se cache derrière quelques palmiers, cocotiers, arbres de mangrove, arbustes fleuris, açaís...etc. Toujours accompagnée d'un ponton en bois, surélevé lui aussi. Cette succession de maison ne s'arrête que pour laisser place à des usines de bois, qui viennent parfois livrer leur marchandise dans notre bateau.


Entre ces constructions, une forêt primaire impénétrable à nos yeux, un ensemble luxuriant d'une diversité inimaginable, qui demeure indescriptible pour nous de manière précise, tant notre inculture de la flore locale est grande.


En hauteur, de grands palmiers-cocotiers dépassent de la végétation, à une trentaine de mètres du sol, liés à la terre par un long tronc lisse. Au ras de l'eau, de grandes tiges sortent par centaines pour finir en de grandes et larges feuilles. Entre les deux, de petits palmiers s'entremêlent avec des arbres aux verts innombrables. Ces couleurs sont celles des feuilles, dont les formes sont toutes aussi éclectiques.



 

Des pirogues, occupées par des enfants indigènes, attendent patiemment le passage de l'Itaberaba I, notre bateau, avec l'espoir que le riche Père Noël daigne leur jeter un cadeau. Des vêtements, de la nourriture, un jouet ? Ils auront un paquet de ces bonbons qui piquent, lancés par une brésilienne convaincue d'avoir amenée de la joie dans une maison. Sans doute est-ce le cas. Comment a-t-elle choisi la pirogue, parmi toutes celles qui forment pour notre embarcation une haie d'honneur ?


Le manque de cabinets de conseils se fait fortement sentir ici, toutes les pirogues se ressemblent, aucun critère différenciant, rien de disruptif, de novateur. Mais que fait McKinsey ?



Qu'une seule de ces pirogues me donne, quoi, 200 000 mille euros, ce qui nous fait 1 000 000 de reais, et elle recevra tous les cadeaux des bateaux qui passent. Customisée en Nautilus, avec des enfants déguisés en pokémons à son bord, qui pourra résister ? Enfin, les gens refusent toujours le progrès...


 

Cette ville se décompose en quartiers, répartis le long du fleuve, chacun avec son église, son supermarché et son école. Le bus scolaire est ici un bateau.


Nous n'arrivons pas à déterminer le zonage des écoles, car le fleuve est large de plusieurs kilomètres par endroits. Est-ce que les deux berges sont un même quartier ? Est-ce que, comme à Bordeaux il y a quelques années, les habitants de la rive gauche regarde de haut ceux de la rive droite ? Sur les cinq jours de bateau, nous ne voyons pas un seul pont avant Manaus.


Quelques villes possèdent des voitures, mais pas ces longs villages fluviaux. Ici le popopo, petit bateau au long moteur, est le moyen de transport principal.


Le paysage est loin d'être monotone. La forêt dense du début laisse place à des centaines d'arbres morts, puis à de grandes falaises rouges, des îles à moitiés immergées, de grandes plaines aquatiques...etc. Le fleuve s'élargit de quelques centaines de mètres à jusqu'à 14 kilomètres. Des élevages de vaches apparaissent de temps en temps.



Aujourd'hui nous sommes sur le pont supérieur, le bateau en compte trois. Alexia aquarelise, Thibaud regarde le paysage. Petit à petit, le bateau vire à droite, vers la berge.


- Tiens, le capitaine fonce dans la forêt, annonce Thibaud d'une voix distraite.

Une phrase lancée comme ça, sans attendre de réponse, sans intérêt particulier. La manœuvre se poursuit jusqu'à ce que :


- Alexia relève toi, on fonçe vraiment dans la forêt, on va se prendre un arbre !

Quelques instants plus tard, l'embarcation percute, calmement, un arbre au niveau du deuxième pont. C'est une manoeuvre "maîtrisée" par le capitaine, car le moteur a un soucis.


Un membre de l'équipage, l'amoureux d'Alexia, nous y reviendrons, plonge dans l'eau, monte sur la berge et amarre le bateau à un arbre. Bon, une petite annonce quelques instants plus tôt aurait pu éviter quelques frayeurs. Nous restons immobilisés une petite heure seulement.


 

L'Itaberaba I est composé d'une cale, trois ponts et un toit. Entièrement en fer, il ne lui manque que les deux roues à eau pour ressembler à ces bateaux fluviaux anciens. La cale et le premier pont sont remplis de marchandises embarquées pour la plupart à quai. Des fruits, de la farine, des panneaux solaires... la cargaison est très hétéroclite. Le chargement se fait par une planche en bois posée entre le quai et le bateau, ou par deux planches lorsqu'il s'agit d'un voiture entière.


Le deuxième pont est destiné aux passagers, avec des barres en fer en hauteur pour accrocher les hamacs. C'est là que nous dormons. Les côtés sont ouverts, nous distinguons donc le paysage, sauf en cas de pluie où des bâches sont déployées. Le cockpit est à l'avant de ce pont, accolé aux dortoirs des matelots. À l'arrière, les douches, toilettes, souvent les deux à la fois, et le réfectoire.


Au troisième pont, des hamacs de nouveau, à l'avant des cabines privées, à l'arrière le bar. Le toit est inaccessible.




Soudain, un bruit de moteur à babord. Des pirates ? La police ? Non, des vendeurs d'açaï et de crevettes. Dans une petite barque de type popopo, propulsée par un moteur relié à son hélice par une longue barre en fer, elle se règle sur la vitesse de l'Itaberaba I avant de l'accoster.


À bord de l'embarcation, un père et son fils. Celui-ci s'accroche au pneu suspendu au pont le plus bas du navire, dans lequel il fait passer le bout pour amarrer. Les deux grimpent ensuite dans notre bateau. Une glacière pleine d'açaï reste dans leur barque comme point de ravitaillement, et ils visitent les différents ponts en recherche d'acheteurs.


La vente terminée, ils se détachent et reprennent leur route. Un manège reprit rapidement par des livreurs de bois qui chargent leur marchandise dans le pont inférieur. Se succéderont ainsi de nombreux vendeurs et livreurs, pour lesquels le capitaine doit chaque fois donne accord pour l'accostage. Jamais le bateau ne s'arrête ni ne ralentit pour ces manoeuvres.



 

Le bateau est un bed and breakfast. Lorsque nous accostons au matin dans un port, des vendeurs montent avec des jus, des gâteaux, des fruits, des picolés - glaces très sucrées aux fruits et lait condensé - et viennent jusqu'à nos hamacs nous vendre leur marchandise. Un jus de fruit de la passion le matin, ça vous change la vie.


Lorsqu'ils ne veulent pas monter, ils utilisent de grandes perches pour suspendre la nourriture au niveau du pont, avec un récipient au bout pour que nous déposions l'argent. Malin, m'enfin la manoeuvre nous paraît plus épuisante que de monter à bord.



Lorsque nous nous arrêtons à Santarem, la plus grande ville du parcours, c'est pour plusieurs heures. Thibaud part donc avec notre ami néerlandais acheter des fruits, qui ne sont pas compris dans les repas du bateau. Le néerlandais, dont nous avons oublié le nom, d'où l'utilisation de ce surnom peu élégant, ne parle pas portugais et les caissières pas anglais. C'est Thibaud qui traduit les questions/réponses de l'un à l'autre, puisqu'il parle mal les deux.


 

Nous sommes interviewés pendant le trajet par nos deux amis brésiliens. Pas notre meilleur portugais du voyage, mais c'est agréable de pouvoir répondre aux questions sans trop chercher ses mots. En tant que bons français nous évoquons des choses négatives, évidemment.


Un autre passager, un youtubeur américain, veut nous interviewer mais nous fuyons lâchement. Désolé Darkito 1. Il faut dire qu'il ne nous a pas paru très respectueux. Pendant le concert des brésiliens, en guitare-voix au niveau du bar, il s'est mis à enregistrer une vidéo, et donc à parler, devant eux, pendant la chanson.


 

Tous les jours, vers dix sept heures, c'est "beer time". Nous prenons une bière ou deux avec les autres jeunes baroudeurs du bateau, en parlant un mélange d'anglais et de portugais. Il faut dire que nous vivons avec les horaires de soleil, debout six heures, couchés à vingt-heure. Donc apéro à dix-sept.


Nous assistons aux couchers de soleils, puis nous restons parler en amoureux sous les étoiles. Nous voyons au loin les orages, alors que le ciel reste clair au dessus de nous.



 

Le voyage est calme et reposant psychologiquement, mais par fierté nationale plaignons-nous tout de même. C'est l'occasion de se rendre compte que les côtés négatifs sont bien faibles.


Le moteur fait un bruit continu, c'est différent d'une descente de fleuve en canoë, d'autant plus que nous remontons le courant.


Il n'y a, pour s'asseoir, que quelques bancs fort peu confortables. Nous passons notre journée en hamac ou assis par terre. Parlons-en de ces hamacs, nous y dormons bien... une fois endormis, ce qui nous prend deux ou trois heures, le temps de trouver la bonne position.


Nous avons aussi des notions d'espace minimum vital différentes de certains brésiliens, qui accrochent leur hamac à 20 centimètres des nôtres. Si tu te mets dans la mauvaise diagonale, tu manges ses pieds.



Jusqu'à la rencontre avec le bateau maudit, le hollandais volant de l'Amazone, aka l'Ana Karoline VII, nous n'avions pas de moustiques. Il a faillit couler quelques mois auparavant. Il nous aborde à la nuit tombée, pour échanger quelques marchandises. À peine est-il arrivé que les moustiques pullulent, puis restent avec nous pour les deux jours qui suivent.



La nourriture aussi, parlons-en, ce n'est pas bon, tout simplement, sauf le petit-déjeuner. Les repas sont servis dans des boites plastiques, comme au kebab, que nous en venons presque à regretter. En plus, les passagers lancent ces plastiques dans l'eau, quand bien même le poubelle est à un mètre d'eux.



L'équipage, mon dieu, l'équipage. Nous avons connu des portes de prison plus aimable qu'eux. Vous n'avez pas la monnaie exacte pour le repas ? Vous ne mangez pas. Voilà, c'est carré. Il faut insister dix minutes pour qu'ils acceptent de nous faire un bon pour deux repas, en gardant la monnaie supplémentaire.


Not all membres de l'équipage évidemment, un des matelots est toujours souriant, surtout en voyant Alexia. Une histoire d'amour de quelques jours, jusqu'à ce qu'elle le voit se moucher et cracher par dessus bord. Le charme est rompu.


À force de commander les repas, Thibaud débloque la compétence "sourire" de la cantinière, le début là aussi d'une histoire d'amour. Hélas, elle se terminera quelques jours plus tard, lorsqu'il découvrira qu'elle fume alors que c'est interdit.


Évidemment, ces "problèmes" ont un impact bien faible sur nous. Ce trajet est une découverte incroyable de l'écosystème du si célèbre fleuve Amazone. C'est aussi une occasion incroyable d'aquareller, écrire et surtout lire.


Alexia lira "Les Trois mousquetaires", "Double assassinat dans la rue Morgue", "Le Fantôme de l'Opéra", "Le chien de Baskerville" et une partie des "aventures de Sherlock Holmes". Thibaud "Le Portrait de Dorian Gray", "Du côté de chez Swan" et "La Chartreuse de Parme". La lecture en hamac, c'est validé.



 

La forêt amazonienne


Le silence de la forêt est rempli de sons. Ceux que nous pensions être les cris des cigales et des oiseaux sont en fait des scorpions et des serpents. Allongés dans nos hamacs, sous une moustiquaire qui nous protège autant des insectes que de nos peurs, nous nous endormons tranquillement, les yeux tournés vers le ciel étoilé qui perce à travers les arbres.



 

Revenons quelques heures plus tôt, alors que nous arrivons à notre campement, après trente minutes de marche dans la forêt amazonienne.


La différence avec les environs, c'est un sol débarassé de sa végétation basse, qui laisse un espace libre et visible sur quelques mètres. Comme une mini clairière dont les arbres se rejoignent en hauteur et qui demeure invisible depuis le ciel.


La première étape, c'est d'allumer le feu. Il sert à la cuisine, comme lumière et aussi à éloigner les serpents, scorpions et moustiques. Pour l'allumer, Tyson notre guide, un indigène de Guyane Anglaise arrivé au Brésil à douze ans, récupère de la sève séchée d'un arbre à proximité. Elle agit comme un allume feu, il utilise cependant un briquet pour la première flamme. Au bout de la troisième tentative, nous n'avons plus qu'à attendre deux heures pour que le feu devienne d'une taille respectable, en l'attisant regulierement à l'aide de palmier tressé.


Nous installons alors le poulet, dont la responsabilité revient à Thibaud. Embroché sur un gros bâton de plusieurs mètres de long, planté à son autre extrémité dans le sol, il faut le faire tourné régulièrement, et le maintenir à une distance suffisante pour ne pas le cramer. En appliquant sa main au niveau du poulet, il faut pouvoir tenir quelques instants. Si la sensation de chaleur nous oblige à retirer notre main, c'est que nous sommes trop près du feu. Notre repas dépend de cette cuisson.


Tyson fera aussi rôtir des oignons et une banane. Nous aurons du riz cuit sur place avec le feu, et des fruits amenés du lodge.



Pendant la cuisson qui prend plusieurs heures, nous installons nos hamacs sous les ordres de Tyson. Première étape enlever toute branche du sol, car au cours de la nuit, si nous devons nous lever, il faut avoir facilement une vue sur où nous posons les pieds. Ensuite nouer deux cordes autour des arbres, avec chaque fois le côté plus haut de la corde à l'opposé de là où sera accroché le hamac. De cette façon, la corde ne descent pas au fur et à mesure de la nuit.



Une fois le hamac attaché, nous ajoutons la moustiquaire, accrochée elle même au hamac. Il faut rentrer par en dessous, et un bâton fin, de taille moyenne, permet d'écarter, au centre du hamac, le côté droit et le côté gauche de la moustiquaire, afin qu'elle ne nous tombe pas directement dessus.


Le poulet commence à être prêt. Un bruit d'oiseau retentit soudain. Tyson s'arrête, regarde dans la direction et dit:


- N'allez pas par là-bas.

Nous apprenons donc que ce bruit d'oiseau est celui du surucucu de fogo, aka bushmaster, aka grage grand carreau en Guyane, un serpent venimeux de trois mètres, la plus grande vipère du monde. Sacré piège, ce bruit est celui d'un petit oiseau si mignon. Son venin est qualifié de necrotique et hémorragique, et même sans comprendre les effets précis que signifient ces mots pour du venin, ça n'a pas l'air hyper bénéfique.


Afin de manger, Tyson emmène Thibaud "cueillir", à la machette, une grande branche de palmier. Sur le chemin, ils rencontrent un arbre tombé en travers, d'une dizaines de centimètres de large. Demi-tour ? Non, deux trois coups de machette et l'espace se libère.


De retour, Alexia et Elife, une turque de trente deux ans, confectionne une nappe pour notre table, à parti de la grande branche de palmier. Une feuille en dessous, une feuille au dessus, elles tressent une magnifique nappe verte.



Puis chacun(e), à partir d'une grande feuille, et de deux petits bouts de bois, confectionne son assiette.


Tout est prêt, nous dégustons notre repas à la lumière du feu. C'est simple et goûtu.



Il est alors venu le temps des histoires au coin du feu. Tyson nous en raconte deux, Thibaud deux aussi, puis Tyson une troisième, et ensuite la conversation part sur divers sujets, puis sur la vie de Tyson. Il chante une chanson d'amour, c'est un très beau moment.


A l'heure d'aller dormir, éclairés par les bougies que Tyson a allumées à quatre endroits du camps, chacun regagne son hamac.



Alexia se réveille au milieu de la nuit à la suite d'un grand bruit sourd. Tyson marmonne que c'est un arbre qui est tombé, tout va bien.


Thibaud, habitué aux nuits en forêt amazoniennes depuis sa plus tendre enfance, ne bronche pas.*


*Ceci n'est pas validé par Alexia, qui pense juste que Thibaud a des problèmes d'audition.


 

Les activités de journée consistent en deux balades, l'une jusqu'à une cascade dans laquelle nous nous baignons, l'autre jusqu'à la maison des "natifs", une famille qui vit sur place et possède un verger et une machine pour fabriquer la farine de manioc. Chaque fois, Tyson nous donne de nombreuses informations sur les arbres et leurs intérêts médicaux.


Nous découvrons des écorces qui guérissent de la diarrhée, des problèmes d'estomac, du cancer, de la malaria...etc. Nous touchons la sève de seringuera, hévéa en français, qui devient après quelques instants un caoutchouc résistant. Nous essayons aussi de cogner avec un bâton sur l'arbre SOS, un immense arbre qui permettrait d'indiquer où nous sommes, dans le cas où nous nous perdrions dans la jungle. Le son est audible à quatre kilomètres.


Dans le verger, nous voyons du manioc, dont une espèce est toxique cru et l'autre non, un tucuma, un arbre à café, à açaï, à litchi, et surtout à Cupuaçu, un fruit délicieux entre le litchi et la mangue, d'après nous. Le verger possède aussi du poivre noire, couleur verte, que nous goûtons aussi, un délice, des bananes, des oranges, des clémentines et des raisins.


Alors que nous arrivons à la maison des natifs, le grand-père et le petit-fils sont en train d'éplucher du manioc, afin d'en faire de la farine. Nous prenons tour à tour un économe géant pour aider la famille.


Ce manioc est ensuite trempé dans l'eau pour devenir mou, puis transformé en farine. Cette farine est ensuite cuite au feu de bois dans un immense récipient.


Le grand-père, qui apprend que nous allons passer la nuit dans la forêt, nous explique les techniques en cas d'attaque de jaguar pendant trente minutes. Puis, il conclut que de toute façon quand il attaque c'est de nuit pendant que nous dormons, à la tête, et qu'il ne rate presque jamais sa cible. Rassurant.




En partant de cet endroit, Thibaud explique au guide se souvenir du grand-père, mais qu'il lui semblait y avoir sa femme aussi à l'époque. Effectivement, cette dernière est malheureusement décédée deux ans avant, du covid.


Thibaud:


J'ai beaucoup de souvenirs de Malocas Jungle Lodge, je retrouve le même ensemble de chambre sur piloti, qui forme un dodécagone (je vous laisse chercher la definition), les moustiquaires au-dessus des lits et les douches d'eau froide. Le campement principal en sable blanc, entouré par la forêt amazonienne, est ponctué de petits bacs de terre abritant des arbres et des plantes tropicales. Le fleuve borde le sable, et le même ponton flottant que six ans auparavant accueille les bateaux du lodge.


Je me souviens aussi du feu de camp auprès duquel nous avions regardé les étoiles, allongés sur des bancs de bois, cette tradition ne s'est pas perdue. De même, les lampes à huile éclairent toujours le chemin vers les chambres.



Ce dont je me souviens aussi, c'est de la recherche de nuit des jacarés, les caïmans.


Nous y partons justement, le soir même de notre arrivée. A quatre dans le bâteau, avec Elife, le guide alterne moteur au plus bas niveau et pagaie, afin de ne pas effrayer les caïmans. Avec une lampe torche puissante, il éclaire la frontière entre les arbres et le fleuve. Si nous y aperçevons deux points rouges, ce sont des caïmans.


L'ambiance est extraordinaire, le bruit de la pagaie vient de temps en temps déranger le bruit des scorpions et des serpents, sinon le calme absolu règne. Soudain Tyson dirige le bâteau vers le bord, il pense avoir vu un caïman. L'avant du bâteau s'enfonce dans la végétation. Tyson nous explique au fur et à mesure où est le caïman, mais aucun de nous trois ne le verra.



Puisque nous n'en avions pas vu non plus il y a six ans, je suspecte qu'aucun caïman n'ait jamais vécu par ici. Cependant, comme la dernière fois, l'ambiance du moment veut largement le temps passé dans ce bâteau.


 

L'autre activité de bâteau, c'est le départ à cinq heures pour aller voir le lever de soleil. Nous y voyons un vol de perroquet, mais surtout une magnifique brume en bordure de forêt, qui avec le calme, que même les insectes n'osent pas percer, donne un aspect mystique aux environs. Puis le soleil se lève et chasse la brume. C'était un moment magnifique.



 

Lors de notre aller et de notre retour en bâteau depuis un village à côté de Manaus vers le lodge, nous voyons deux toucans traverser le fleuve en volant. Ce sont des toucans noirs et blancs, dont nous découvrons par la même occasion l'existence.


Ce voyage est aussi l'occasion de voir les plus beaux reflets aquatiques de notre vie, l'eau est un réel miroir. Désolé pour le miroir d'eau bordelais mais il subit la comparaison.




 

Enfin, nous ne pouvions pas ne pas parler de la nourriture. Les poissons de fleuve sont cuisinés divinement bien par Marie, la cuisinière. Ils n'ont pas d'arrêtes, le paradis, et une chaire excellente. Nous dégustons du tamburi grillé, du pirarucu et le premier jour, des lasagnes de poisson délicieuses. Seul soucis, nous mangeons là matin, midi et soir, alors notre régime du Brésil en prend un coup.


 

Manaus


La principale attractivité touristique de Manaus, dans la ville, c'est le "Theatro Amazonas", un opéra construit, tout comme le théâtre de Belem, pendant le boum du caoutchouc.


Nous y sommes le soir même de notre retour de forêt, pour y voir un spectacle gratuit, comme la plupart des évènements qui y ont lieu, dans le but d'ouvrir la culture à toutes et à tous. C'est un spectacle en accord avec l'alliance française de Manaus ! Ce sont deux Grenoblois qui accompagnent des courts métrages d'animations avec de la musique et des bruitages live. C'est très bien fait.



Le show commence donc par une Marseillaise chantée par la chorale Brésilienne de l'alliance française. Ambiance étrange que d'entendre l'hymne national dans un opéra, un peu trop nationaliste, ce qui correspond hélas plutôt bien à l'ambiance politique française du moment. Heureusement, l'accent mêlé au chant rend les paroles peu intelligibles, ce qui donne un côté comique.


 

Le lendemain, nous allons visiter le bâtiment avec un guide. Il est magnifique, avec une coupelle décorée à l'extérieur aux couleurs du Brésil. L'intérieur est décoré assez simplement, si ce n'est les sculptures des principaux artistes d'opéra et le rideau peint que, pour ne pas abîmer, les machinistes relèvent entièrement au-dessus de la scène au lieu de le plier.



 

L'après-midi, nous nous rendons au MUSA, le musée de l'Amazonie, un bout de forêt conservé intact, en bordure de ville. Nous y voyons de nouveau les espèces d'arbres de la forêt Amazonienne, apprenons de nouvelles choses sur la faune et la flore.


Notamment, nous découvrons la vraie taille des scorpions, que nous imaginions de la taille d'une main. Que nenni ! C'est si petit, certains font la taille d'une phalange. Heureusement que nous ne le savions pas avant la nuit en forêt, sinon nous aurions ans doute dormis moins paisiblement. Impossible de le repérer sur le sol. Nous terminons la visite par une tour d'observation qui donne vue sur la ville d'un côté et la forêt de l'autre.



 

Beaucoup de monde vient en amazonie pour voir des animaux, or ils se cachent très bien dans la forêt. Le meilleur endroit pour les voir, c'est le Pantanal, notre prochaine destination.


bottom of page