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  • Alexia Thibaud BilloteauDuclos

Belém

Pour connaître une ville, visite son hôpital. Expression peu utilisée, d'autant qu'elle n'existe pas, et à raison: elle n'a aucun sens. Il n'empêche que nous sommes dans l'UPA, l'équivalent Brésilien des urgences françaises.


Thibaud ne peut toujours pas soulever quoique ce soit de lourd avec sa main gauche, et pas non plus ouvrir une gourde avec, par exemple, ce qui est assez handicapant au quotidien. Sinon, la douleur est légère, mais nous ne voulons pas prendre le risque de partir pour 5 jours de bateau et 3 jours de forêt amazonienne sans en savoir plus.


A l'accueil, le personnel prend l'identité de Thibaud, et retrouve ainsi son CPF, l'identifiant national Brésilien, et son adresse, créés lors de son premier séjour au Brésil, six ans plus tôt. Efficace.


Pour les soins aussi ils seront performants. En une heure ils feront une première classification d'urgence du cas, un premier rendez-vous avec un docteur pour prescrire la radio, deux radios du poignet, et enfin le rendez-vous final où Thibaud apprend son mal: il est simplement une chochotte.


Rien de cassé, rien de foulé, en somme, rien. La douleur, pas très forte, devrait passer en trois à cinq jours, et les soucis de force de préhension en même temps. Thibaud pousse un ouf mêlant soulagement pour le reste du voyage et humiliation de n'avoir même pas une petite entorse ou une toute petite fracture. Peut-être que l'os s'est ressoudé en un jour... nous ne pouvons pas savoir.



 

Le lendemain, nous visitons Belém. Nous commençons par aller au port pour acheter nos billets de bâteau du lendemain midi. Puis nous visitons la place de la République, entourée de manguiers multi-centenaires, qui produisent encore des fruits ! Autour de cette place, le "theatro da Paz" nous accueille pour une visite guidée de 45 minutes.



L'occasion de découvrir qu'il a été construit sous l'ordre des barons du caoutchouc à l'époque où Belém était une des villes les plus riches du Brésil. Ces barons, qui ressemblent de très près à des parrains de mafia, se réservaient les places les mieux placées, situées au niveau où le parterre devient surélevé, en fond de salle. Devant, étaient placés leurs fils, et sur les loges du côtés leurs filles. Les femmes étaient interdites sur le parterre, pour cela les portes ont été faîtes très étroites, de façon à ce que leurs larges robes ne passent pas.


Les esclaves étaient au paradis, le dernier étage, où ils devaient rester debout pendant le temps de l'opéra, jusqu'à 10 heures donc, sans toilettes. Nous ajouterons que les murs et les sols sont de moins en moins ouvragés en fonction des étages, non par économie mais par soucis de représenter les différences de classes sociales. Charmant.


La guide nous assure que le motif au sol est un signe folklorique indien, et non pas une croix nazie anachronique. Mouais.


Cependant, le théâtre en lui-même est magnifique et vaut vraiment la peine, a tel point que nous réservons deux places pour le spectacle du soir.


 

Nous continuons notre visite par la poste, pour envoyer nos cartes postales, ce qui nous prend une heure trente. D'abord, cinq minutes d'attente pour être reçus par un employé.


Nous apprenons alors que la poste ne vend pas d'enveloppe. Soit. Nous faisons alors quatres magasins qui nous renvoient tous vers d'autres magasins, jusqu'à arriver à notre sauveur qui possède ce que nous voulons. Nous achetons au passage de la colle pour réparer la sandalette de Thibaud.


De retour à la poste, nous prenons un ticket, nous ne sommes que trois dans la salle d'attente. Seulement, les personnes agées peuvent prendre des tickets prioritaires... Nous attendons donc une heure de plus, avant de finalement réussir à donner les enveloppes à poster, qui seront décorées de septs timbres chacun pour réussir à rejoindre l'Europe, nous l'espérons.


 

Nous enchaînons avec l'achat de hamacs, nos lits pour les cinq nuits à venir, puis nous visitions le marché "Ver o peso", immense ensemble de stands de légumes, poissons, viandes, crevettes, et artisanat. Thibaud trouve une chemise pour aller au théâtre ce soir, pour ne pas être ridicule. Une chemise avec des palmiers.


L'ambiance qui se dégage du centre-ville est charmante, il y a beaucoup de monde, de magasins, les rues sont encombrées de stands. Les bâtiments subissent grandement le climat chaud et humide, et la ville n'est pas très propre ni entretenue, mais nous avons un bon ressenti, comme si nous pourrions y vivre.



 

Il est l'heure du spectacle. Il s'agit d'un comédie musicale sur la vie de, vous n'allez pas nous croire, sur la vie de bibi ! Oui Bibi Ferreira, cette fameuse actrice, chanteuse, metteuse en scène et autres métiers artistiques, Brésilienne.


Tout est en portugais donc nous révisons son histoire sur wikipédia avant le spectacle. Nous ne voyons pas passer les trois heures, c'est très divertissant, avec seulement un petit passage long en début de deuxième partie.


Nous sommes par contre situés derrière des enfants, de 20-25 ans, amenés visiblement de force par leurs parents. Ils bougent beaucoup, regardent leurs stories instagram, envoient des messages sur WhatsApp. Nous avons évité l'envoi de messages vocaux pendant le spectacle, mais de peu nous pensons.


Alors que l'ambiance est assez calme, ce qui colle avec le type de spectacle, une vive clameur retentit soudain dans tout le théâtre, les spectateurs applaudissent dès les premières notes d'une musique. La chanson: La vie en rose d'Edith Piaf. Bibi a en effet réalisé une partie de sa carrière en reprenant Edith Piaf, et les Brésiliens sont visiblement fans d'elle.


 

Il est temps, après de petites courses au supermarché, d'embarquer dans notre bateau pour 5 jours !


Nous quittons Belém avec l'impression que nous n'en avons pas encore tout vu, d'ailleurs la gastronomie y est très appréciée alors que nous avons mangé des pâtes à la sauce tomate nos deux jours. Un rendez-vous manqué.


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