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  • Alexia Thibaud BilloteauDuclos

Algodoal


L'île de le lose, voilà le seul nom correct pour décrire l'île de Maiandeua, appellée à tort Algodoal, du nom de sa principale ville.


Notre première mésaventure nous tombe dessus le deuxième jour. Ou plutôt, Thibaud tombe dedans: la vase. Ici comme à São Luís, la mer se retire sur une surface impressionnante. A marée haute, le chemin vers la plage principal se fait en bateau sur cinquante mètres.


À marée base, il faut passer à pieds. Hélas, certaines zones sont de sable dur, d'autres de vase molle. Les deux jambes prises jusqu'au mollet, Thibaud veut ressortir son pied, ce qui casse sa sandalette de randonnée, chaussure quotidienne depuis trois semaines et quasi quotidienne pendant un mois au moins. Quelle horreur, une chaussure si utile, qui ne manquait jamais de rendre service, une amie, une partie de notre âme... nous décidons de la garder pour essayer de la réparer à la colle forte.



La deuxième déconvenue survient le lendemain. Alors que nous rentrons d'une balade, un bâton est posé en travers de notre route. Il est d'une taille idéale pour un bâton de marche, et Thibaud le prend comme tel.


Quelques minutes plus tard, un chien errant, comme il y en a partout dans le nord-est du Brésil, vient vers nous. Il nous suit avec la tranquillité d'un chien dressé, jusqu'à ce que soit émise l'idée de lancer le bâton pour qu'il le ramène.


Thibaud s'y emploie, et le chien essaye de ramener le bâton, trop long cependant pour que cela soit possible. Il décide alors du prochain jeu, qui consiste à mordre la casquette qu'Alexia tient à la main. Vite lâchée, la casquette ne l'intéresse déjà plus.


Son nouveau passe temps devient de mordre le T-shirt de Thibaud, beaucoup plus difficile à abandonner sur le sol. Thibaud décide donc de reculer pour éviter les crocs, le chien y voit un jeu et saute de plus belle les pattes en avant sur lui. Cela se finit en course en arrière pour l'un, course crocs en avant pour l'autre, jusqu'à la chute, inévitable, de l'humain toujours moins vif physiquement que l'animal.


Heureusement, les intentions de la bête étaient bonnes, et une fois par terre, comme la casquette précédemment, Thibaud ne l'intéresse plus du tout.


Nous noterons le cri au moment de la chute: "Non, non, non !" de celui qui sent déjà les crocs se refermer sur sa gorge, et l'émoi de l'observatrice qui voit de loin son mari tomber, poursuivit par un chien errant.

Cependant, une douleur au poignet/à la main est bien présente, que nous espérons être un simple choc qui passera dans la nuit.


 

Au-delà de ces aventures, nous visitions une lagune d'eau douce couleur coca-cola, appelée "lagoa da princesa", parcourut de courant d'eau froide et d'eau chaude. La différence de température entre ces deux extrêmes est agréable, comme ces glaces à l'italienne bi-goût dont on apprécie les deux saveurs.



Nous savourons d'autant plus ce moment que nous n'étions pas loin de ne jamais y parvenir. Nous suivons pour cela l'itinéraire maps.me, une application contenant notamment les chemins de randonnées. Le début, par la plage est très simple, puis il est nécessaire de passer par de hautes dunes, recouvertes en partie de végétation.


Là, le chemin est nettement moins clair, celui indiqué par maps.me nous amène dans des marécages, les traces de pas font milles croisements différents, bref nous sommes dans un labyrinthe. Finalement, à force de persévérance, nous retrouvons un chemin unique qui mène à la lagune voulue.



Au retour, nous partons sous un ciel bien gris, qui se mue en une fine pluie lorsque nous sommes dans la partie forestière du chemin, et devient tout à fait tropicale alors que nous sommes totalement à découvert. Dans nos sacs, non étanches, deux portables et une liseuse, pour lesquels nous prenons quelques inquiétudes. Nous décidons alors de nous abriter sous un arbuste de dune, qui possède bien peu de feuilles pour couvrir deux humains de notre taille. En deuxième rempart, nous nous courbons en deux, pour offrir nos dos en sacrifice à la pluie, nos précieuses affaires cachées sous le pont que forme notre corps.


Finalement, nos appareils électroniques survivront, et nous aussi.


 

Nous nous baladons aussi le long de l'immense plage de quinze kilomètres nommée plage de la princesse. Nous en profitons pour dessiner sur le sable, notamment un cercle satanique qui sera peut-être la cause de nos mésaventures.


Nous jouons aussi avec un banc de petits poissons pris au piège par la marée, qui fuit notre ombre lorsqu'elle survole le petit bassin d'eau laissé là par l'océan.


Nous faisons des photos, regardons la mer, l'immense étendue de sable, découvrons un autre chemin pour la lagune de la princesse, cette fois-ci bien mieux renseigné. Nous parlons, nous courons, et malgré l'appellation de l'île de la lose que nous laissera cette île, nous profitons de la chance que nous avons d'être là.



 

L'île de la lose évoque aussi le personnel de la pousada, fort peu sympathique, qui n'a plus de pâtes alors que le restaurant est spécialisé dans... les pâtes et les pizzas. Qui n'arrive pas à nous trouver de tour en bateau dans la mangroves alors que ceux-ci partent de... devant la pousada. Ou encore qui se met à faire des travaux sur la terrasse le jour où nous décidons de profiter de celle-ci.


Sinon la pousada était très jolie, avec un jardin bien entretenu, y compris des palmiers à testicules - nous ne sommes pas sûrs que ce soit le terme scientifique exacte - et d'immenses iguanes. La piscine et la terrasse avec vue mer nous captivent un bon moment, partagé entre baignades, cartes postales et aquarelles*.



*Nous avons bien entendu envoyé une carte à tous les lecteurs du blog, hélas il arrive que certaines se perdent, si vous n'en recevez pas c'est certainement une erreur postale.


 

Le bilan final n'est pas négatif, mais disons qu'il souffre de la comparaison avec tous les autres lieux visités jusqu'ici durant ce voyage.


Direction Belém, pour préparer notre voyage de 5 jours en bâteau sur l'Amazone, et aussi pour un petit séjour à l'hôpital pour ce poignet resté douloureux au réveil, et empêchant toute préhension de la main gauche.

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